Le Kumano Kodo, un réseau ancestral de chemins sacrés au Japon, s’étend à travers les montagnes et les vallées de la péninsule de Kii, au sud d’Osaka. Ce chemin, lié à la spiritualité japonaise, a été emprunté pendant des siècles par des pèlerins cherchant la paix et une connexion avec la nature.

En Europe, le Camino de Santiago occupe une place similaire, guidant des milliers de personnes vers la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle, et se distinguant par sa tradition religieuse et culturelle.

Les deux chemins, reconnus par l’UNESCO comme patrimoine mondial, partagent le même objectif de réflexion et de croissance spirituelle, attirant des pèlerins du monde entier. Cette union entre l’Orient et l’Occident fait de ces deux itinéraires des emblèmes de foi, de culture et de découverte intérieure.

 

Points communs et différences entre le Camino de Santiago et le Kumano Kodo

Le Camino de Santiago et le Kumano Kodo sont des chemins empreints d’un sens profond de la spiritualité, invitant à la réflexion et à la connexion personnelle. Dans les deux cas, la pèlerinage devient une expérience transformative permettant d’apprécier le patrimoine culturel et spirituel de chaque destination.

Cependant, les différences entre les deux chemins sont notables :

Géographiquement, le Camino de Santiago traverse plusieurs régions d’Espagne. Si vous suivez par exemple les différentes étapes du Camino Primitivo depuis Oviedo, vous traversez des paysages montagneux, des rivières et des zones rurales. En revanche, le Kumano Kodo se situe entièrement dans la péninsule de Kii, une région de végétation dense, de montagnes escarpées et de climat humide et subtropical, créant ainsi une atmosphère particulière.

Comme vous pouvez l’imaginer, les coutumes et rituels diffèrent. Sur le Kumano Kodo, les pèlerins ont l’habitude d’effectuer des cérémonies de purification dans des sanctuaires tout au long du chemin. Cela surprend souvent ceux qui sont habitués à la reconnaissance dans le Camino de Santiago dans les auberges ou pensions.

La durée des deux chemins varie également : le Camino de Santiago propose des étapes de longueurs variées, certaines allant jusqu’à 800 km. Le Kumano Kodo, quant à lui, est généralement plus court, bien que ses sentiers soient souvent plus exigeants.

 

Les chemins du Kumano Kodo : à la découverte des sentiers sacrés du Japon

Le Kumano Kodo propose divers chemins sacrés permettant d’explorer la nature et la spiritualité japonaise de manière authentique.

 

Route Nakahechi

L’une des routes les plus emblématiques du Kumano Kodo. Elle relie la ville de Tanabe au sanctuaire principal de Kumano Hongu Taisha. Longue d’environ 40 kilomètres, cette route est connue pour son accessibilité et sa beauté naturelle.

Tout au long du chemin, les pèlerins traversent des forêts luxuriantes, des ruisseaux cristallins et des temples anciens qui témoignent de l’héritage spirituel riche de la région.

Ce chemin a traditionnellement été utilisé par la royauté japonaise pour effectuer des pèlerinages, ce qui ajoute une aura historique à l’expérience. Les voyageurs peuvent apprécier une combinaison équilibrée entre des terrains relativement plats et des sections avec des pentes modérées, à l’instar de l’itinéraire vers Muxía, ce qui le rend accessible à un large éventail de niveaux physiques.

 

Route Kohechi

La route Kohechi est l’une des routes les plus exigeantes et fascinantes du Kumano Kodo, reliant le Mont Koya (Koyasan), un important centre de pratique bouddhiste, à Kumano Hongu Taisha. Longue d’environ 70 kilomètres, cette option se distingue par son terrain montagneux et son climat variable, ce qui en fait un choix idéal pour les pèlerins expérimentés.

Tout au long du parcours, les pèlerins passent par des temples anciens, des sanctuaires et des zones de retraite spirituelle, offrant de nombreuses occasions pour la méditation et la réflexion. Le chemin suit également des routes utilisées historiquement par les moines yamabushi, connus pour leurs pratiques ascétiques et leur profonde connexion avec la nature.

Outre l’exigence physique, il offre la possibilité de vivre la sérénité et la majesté des paysages montagneux japonais.

 

Route Ohechi

La Route Ohechi est un sentier côtier du Kumano Kodo, offrant aux pèlerins des vues spectaculaires sur l’océan Pacifique. D’une longueur d’environ 30 kilomètres, cette alternative est moins exigeante sur le plan de la difficulté physique. Elle est idéale pour ceux qui préfèrent marcher dans un environnement plus détendu et profiter de la brise marine.

La Route Ohechi combine des sentiers bien balisés avec des paysages côtiers, des plages isolées et des petits villages de pêcheurs, offrant une expérience unique de la nature et de la culture locale. Tout au long du chemin, les pèlerins peuvent visiter des sanctuaires côtiers et apprécier la tranquillité apportée par le son des vagues.

De plus, la route permet d’explorer la biodiversité riche de la région, avec des zones protégées abritant une variété de flore et de faune. Les hébergements le long de la route incluent des options traditionnelles ainsi que modernes, facilitant l’organisation du voyage et assurant un séjour confortable.

 

Route Iseji

La Route Iseji relie le sanctuaire d’Ise, l’un des plus vénérés du Japon, aux sanctuaires de Kumano.

D’une longueur d’environ 60 kilomètres, cette route est célèbre pour son riche héritage historique et culturel. Elle traverse des paysages qui allient nature et culture, incluant des forêts sacrées, d’anciens temples et des sites ayant joué un rôle important dans les pèlerinages impériaux au fil des siècles.

Les pèlerins choisissant cette route peuvent profiter d’une diversité de terrains : des zones relativement plates aux sections montagneuses modérément difficiles, ce qui la rend accessible à différents niveaux de préparation physique.

De plus, elle offre de nombreuses occasions d’explorer l’architecture traditionnelle japonaise et de participer à des cérémonies religieuses, offrant ainsi une expérience spirituelle et éducative. Les points d’intérêt tout au long du parcours incluent des sanctuaires historiques, des jardins zen et des musées racontant l’histoire des pèlerinages au Japon.

 

Route Omine Okugake

Il s’agit de l’une des routes les plus exigeantes et spirituellement significatives du Kumano Kodo. Elle relie le mont Omine, un important centre de pratique ascétique bouddhiste, à Kumano Hongu Taisha. D’une longueur d’environ 80 kilomètres, cette option est conçue pour les pèlerins les plus aventureux et physiquement préparés.

La Route Omine Okugake se distingue par ses sentiers escarpés, ses terrains rocheux et un climat souvent imprévisible en raison de sa localisation dans une région montagneuse. Les pèlerins empruntant cette route suivent d’anciens chemins utilisés par les moines yamabushi, qui pratiquaient la méditation et l’austérité à la recherche de l’illumination spirituelle.

Tout au long du parcours, on trouve de nombreux sanctuaires et lieux de retraite où les pèlerins peuvent s’arrêter pour se reposer, méditer et réfléchir. Cette route met non seulement à l’épreuve la résistance physique des marcheurs, mais elle offre aussi une profonde connexion spirituelle avec la nature et la sérénité des paysages montagneux japonais.

Chaque route du Kumano Kodo offre des expériences uniques et exige des niveaux de préparation variés. Comparée aux routes du Camino de Santiago, telles que le Camino Français ou le Camino Anglais, elle offre une expérience plus immersive dans la nature et les traditions spirituelles japonaises.

 

L’union entre Kumano Kodo et le Camino de Santiago : Le programme Dual Pilgrim

Le programme « Dual Pilgrim » représente une initiative unique qui relie les chemins de pèlerinage du Kumano Kodo au Japon et du Camino de Santiago en Espagne. Cette union a été initiée en 1998 lorsque les deux routes ont été inscrites au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO, mettant en avant leurs valeurs culturelles et spirituelles.

La création du programme « Dual Pilgrim » permet aux pèlerins d’obtenir une certification spéciale en complétant les deux chemins, symbole de connexion entre l’Orient et l’Occident.

Obtenir cette distinction implique de compléter un chemin du Kumano Kodo, tel que le Nakahechi ou le Kohechi, et un autre du Camino de Santiago, comme le Camino Français ou le Camino Primitivo.

Pour recevoir la certification, vous devez tamponner un passeport de pèlerin aux points désignés sur chaque route. Au Japon, vous pouvez obtenir le certificat au Centre d’Information de Kumano Hongu Taisha ; et en Espagne, à l’Office du Pèlerin à Santiago de Compostelle.

 

L’impact culturel et spirituel de parcourir les deux chemins

Parcourir à la fois le Kumano Kodo et le Camino de Santiago est une expérience culturelle et spirituelle profonde. Chaque chemin permet aux pèlerins de s’immerger dans l’histoire et la spiritualité du Japon et de l’Espagne, mettant en avant les pratiques ancestrales de dévotion et d’autoconnaissance.

De nombreux pèlerins vivent un effet transformateur sur les deux chemins, trouvant à chaque étape une opportunité de réfléchir et de se connecter à l’aspect spirituel.

Parcourir les deux chemins permet de comprendre les similitudes et les différences dans la manière dont chaque culture aborde le voyage spirituel : tandis que le Camino de Santiago attire généralement ceux qui recherchent une expérience plus sociale, le Kumano Kodo met l’accent sur l’introspection et la communion avec la nature.

 

Recommandations pour les pèlerins du Camino de Santiago souhaitant parcourir le Kumano Kodo

Si vous avez parcouru le Camino de Santiago et souhaitez vous aventurer sur le Kumano Kodo, il est utile de prendre en compte quelques recommandations pratiques, similaires aux conseils pour le Camino Anglais:

  • La meilleure période pour marcher est entre le printemps et l’automne, lorsque le climat est modéré et les pluies moins fréquentes.
  • D’un point de vue physique, une préparation minimale est nécessaire en raison de ses sentiers montagneux et de son climat humide. Il est recommandé de s’entraîner à faire de longues marches avec des pentes.
  • Apportez des vêtements imperméables, des chaussures adaptées aux terrains irréguliers et un sac à dos léger.
  • Les hébergements sur les principales routes incluent des ryokan et minshuku, des hébergements traditionnels qui nécessitent une réservation à l’avance, surtout en haute saison.
  • Contrairement au Camino de Santiago, la signalisation est en japonais et en anglais, il est donc utile de se familiariser avec les cartes et les points d’information sur le parcours.
  • L’expérience sur le Kumano Kodo est un peu plus solitaire que sur le Camino de Santiago. Vous rencontrerez moins de pèlerins et de ressources, donc il est essentiel d’emporter des encas et de l’eau supplémentaires.